Née à Vienne en 1931, Ruth Klüger a sept ans au moment de l’Anschluss. Elle fut déportée avec sa mère en 1942 à Theresienstadt puis à Auschwitz. En février 1945, pendant la « marche de la mort », les deux femmes réussirent à s’enfuir. Ruth Klüger a raconté dans Refus de témoigner (prix Mémoire de la Shoah 1998), sa jeunesse puis son exil à seize ans aux États-Unis.
Dans Perdu en chemin, devenue adulte et confrontée au quotidien des années cinquante, elle lutta pour obtenir dignité, respect et reconnaissance de soi. Germaniste réputée, nommée docteur honoris causa de l’université de Göttingen, elle poursuivit ce débat avec elle-même : quels sont les mécanismes de la mémoire individuelle et collective vis-à-vis des horreurs du passé, de leurs victimes, auteurs et témoins ? Perdu en chemin pose aussi la question d’une discrimination intimement ressentie et constante, et y répond par une double émancipation : celle d’une Juive et celle d’une femme.
Récompensée par le Bayerischer Buchpreis, l’œuvre de Ruth Klüger – où se côtoient sincérité, générosité et intelligence souveraine – est « un avertissement pressant à la responsabilité, à l’humanité et à la vigilance dans tous les domaines de la vie sociale et politique ». Elle est décédée en 2020.