Boris Vian, c’est lui. Histoire d’O, c’est lui. À dix-neuf ans il édite son premier livre : un texte de Sartre. Il édite Malraux, Gide, Marcel Aymé, Raymond Queneau. À vingt ans, il est le premier éditeur au monde à publier Sade intégralement, en mettant son nom et son adresse sur les couvertures (d’où un procès de sept ans). Il est le dernier éditeur d’André Breton, il édite André Hardellet, Albertine Sarrazin. Il révèle Le Concile d’amour d’Oscar Panizza, Georges Darien et Le Voleur. Il met Georges Bataille à la place qui lui revient. Il ressuscite – entre autres – Raymond Roussel. Il révolutionne l’édition des années soixante en lançant un dictionnaire de Littré jamais vu, des maquettes surprenantes, la célèbre collection Libertés. Privé de ses droits civiques, il se bat contre les lois absurdes qui, depuis 1945, font l’armature de la censure française.
« [...] “travailler dans le livre", qu’est-ce à dire ? Les livres, c’est un monde à part. Un monde en fête. Un monde secret. Chacun, je suppose, a le sien, comme moi. » La Traversée du livre, p. 7