Admiré par Germaine de Staël, Benjamin Constant et plus tard Victor Cousin, Le Labyrinthe – qui offre un mélange de scènes dignes de Tristram Shandy, de portraits de célébrités et de descriptions enflammées de paysages – n’avait jamais été traduit en français. Les Éditions Viviane Hamy ont décidé, en 1996 quand Copenhague était capitale culturelle de l’Europe, d’inviter les lecteurs à ce voyage enthousiaste, truculent et riche de foi en l’homme.
Le Labyrinthe
Jens BAGGESEN
Quand en 1789 Baggesen entreprend son périple à travers l’Allemagne, la France et la Suisse, le Danemark l’a déjà accueilli au rang de ses poètes. Dans le récit qu’il tire de ce voyage – paru en 1792-1793 sous le titre Le Labyrinthe, et considéré à l’heure actuelle comme l’un des chefs-d’œuvre de la littérature danoise –, il apparaît à la fois classique, baroque, romantique, mais surtout comme un écrivain de ce temps, la charnière entre le XVIIIe et le XIXe siècle, où les hommes rêvaient, sachant que rien de grand ne se fait dans le monde sans le rêve. La convocation des États généraux, à Paris, en mai 1789, lui fait entrevoir les lendemains qui chanteront. Il exulte à la nouvelle de la prise de la Bastille, mais il pressent que « les tyrans ne meurent jamais ». L’homme des Lumières qu’il est écrit sur l’idée d’une « nation européenne » des pages d’une grandeur et d’une modernité bouleversantes. On est, rappelons-le, en juillet 1789 !