Jana brûlait de dire son nom, Zorka, vous connaissiez Zorka, c’est bien ça ? Mais dire son nom maintenant, à voix haute, après tant d’années d’efforts pour le taire, aurait été aussi bizarre que le prétendu cauchemar de cet homme. Qui plus est, Jana n’avait aucune patience pour les énigmes venant d’un homme. Il y avait toujours une condition au suspense, et l’anticipation était aussi finement nauséabonde qu’un filet de salive que l’on fait lentement dégouliner de la bouche, et la révélation ne révélait généralement rien de plus que le privilège réservé aux hommes de retenir des informations. Même s’il connaissait effectivement Zorka, cela ne la concernait plus. Que ce soient cette information, l’existence de Zorka ou les jetons de jeu que l’homme entrechoquait dans la paume de sa formulation, rien de tout cela ne la concernait. Pensait-il faire d’elle une petite fille en mentionnant la Malá Narcis ? Elle aurait voulu lui dire que jamais de sa vie elle n’avait été une petite fille, et qu’elle ne comptait pas le devenir aujourd’hui.
« Un soupçon de Lynch, un soupçon de Ferrante, la cruelle absurdité d’Antonin Artaud, la féroce candeur d’Anaïs Nin, la langueur stylée d’une chanson de Lana Del Rey… une séduction lente puis obscurcie comme une pièce enfumée. » The Guardian
Traduit de l’anglais par Hélène Borraz