Ce bonheur fragile va être rapidement mis à mal. Le père de Mai, juge influent, pense l’avenir de sa fille auprès d’un autre qu’elle refuse évidemment d’épouser. Son entêtement la met au ban de sa propre famille, et elle est contrainte de quitter définitivement le domicile parental. Elle pense alors pouvoir vivre librement son amour. Soucieux de profiter de chaque minute passée ensemble, les deux amants se marient en hâte, la veille même du retour de Yann pour Diên Biên Phu. C’est la guerre qui sépare à présent le couple naissant.
Mais, Mai va tenter désespérément de se battre, chaque jour un peu plus, pour secourir Yann et le faire sortir de ces limbes. Elle ira, pour cela, au bout de l’enfer… Les sentiments, aussi forts soient-ils, peuvent-ils survivre à tant d’épreuves ? Jusqu’à quel point se sacrifier ?
Une grande émotion se dégage de ce texte et s’empare du lecteur dès les premières lignes. Hoai Huong Nguyen nous raconte l’histoire d’amour, quasiment condamnée dès ses balbutiements, entre une Annamite et un soldat français, que rien ne prédestinait, alors même que tout le peuple vietnamien était appelé à lutter pour se défaire une fois pour toutes de la présence française. L’Ombre douce est un roman d’une intense douceur mais aussi d’une violence profonde, sourde. Écrit dans une langue suggestive et doté d’une dimension poétique, il est serti de haïkus délicats. Il dit, dans une narration juste et lumineuse, la jeunesse, le désarroi, l’errance, la fatalité, mais surtout la liberté et la beauté.